Depuis le début de la crise multiforme à laquelle fait face Haïti, tous les secteurs de la vie nationale sont éprouvés. La réduction de la quantité de monnaie (dollar US et gourde) en circulation impacte, de manière négative, le train de vie de la population. Les commerçants et les clients qui reçoivent leurs transferts de l’étranger en paient le prix fort.
Une équipe de « La Nation Post » a visité, cette semaine, des succursales de deux banques commerciales à Pétion-Ville. Des clients se disputent entre eux. Ils dénoncent ce qu’ils assimilent à un manque de respect, l’attitude des dirigeants et responsables des banques commerciales. Ces derniers ont du pain sur la planche.
Il n’était pas encore 7 heures du matin, lorsqu’une longue file d’attente se formait déjà à l’entrée d’une banque qui se situe à la rue Louverture, à Pétion-Ville.
8 heures 45, la colère et l’inquiétude augmentent chez les clients. Ils font remarquer que la banque devrait s’ouvrir depuis déjà un quart d’heure.
Les agents de sécurité, debout devant la porte principale, ne répondent à aucune question portant sur l’heure à laquelle la banque compte ouvrir ses portes.
Un des clients fait pourtant remarquer que, depuis la recrudescence de l’insécurité avec l’offensive de la coalition des gangs lancée le 29 février dernier, les banques ferment leurs portes à 1 heure de l’après-midi au lieu de 4 heures PM et ceci, sans en informer la clientèle.
Il est maintenant 9 heures 20 AM. Un brusque mouvement de foule annonce l’ouverture de la banque mais ce ne sont pas les premiers arrivés qui seront les premiers servis.
En effet, des VIP seront privilégiés. Il s’agit des amis des caissiers, des agents de sécurité et des employés du service à la clientèle, entre autres. Cela augmente la colère des clients.
Mais une autre nouvelle vient déranger les clients, notamment ceux qui veulent faire des retraits en devise américaine, le dollar US. Si auparavant un client pouvait retirer au plus 100 dollars par transaction, aujourd’hui, 30 avril, le billet vert n’est pas disponible.
Les agents de sécurité le confirment. “La succursale n’est pas en mesure de donner des billets verts aujourd’hui”. Une annonce qui sonne comme un coup massue pour les clients concernés et dont la majorité a décidé de ne pas quitter les lieux.
“Je suis arrivé très tôt ce matin à la banque, j’ai besoin de billets verts et je ne vais quitter les lieux avant d’être servi », a martelé un client furieux.
Nous quittons l’espace, direction rue Darguin. Il est maintenant 10 heures du matin et nous sommes devant un autre succursale d’une banque commerciale. La foule est immense. Le soleil tape sur les clients, faute d’espace adéquat pour les accueillir à l’extérieur du bâtiment.
Un sentiment d’insécurité anime les clients avec le bruit des klaxons, les marchands ambulants et les passants, tout le monde s’entremêle et personne ne se sent à l’abri du danger dans un pays où l’insécurité généralisée fait rage.
Quelques minutes plus tard, un bruit assourdissant perturbe les opérations au sein de la succursale. C’est un client qui veut retirer des billets verts mais les responsables de la succursale affirment qu’ils n’en n’ont pas.
En frappant sur la paroi de la caisse, ce trentenaire est persuadé qu’il ne va pas quitter la banque sans les billets verts qu’il réclame.
“Kale m dola m, kale m dola m! Nou paka pran tout moun nan yon peyi pou kokorat, nou fin lage gang nan yon peyi, kounye a n ap kase ponyèt moun pou pran lajan yo”, scande à répétition ce client, soutenu par plusieurs autres.
Finalement, un responsable de cette succursale lui demande de l’accompagner à son bureau. Le calme revient, mais pas totalement. De temps en temps, des échanges se font entre caissiers et clients.
Cette bataille des clients pour de meilleurs services bancaires ne date pas d’hier. Les banques commerciales en Haïti, selon des clients, fonctionnent comme les politiciens qui ne font que défendre leurs propres intérêts sans tenir compte de ceux des autres.
Alors que les banques ne livrent presque plus de dollars US aux clients, la plupart des magasins et entreprises privées du pays offrent leurs services en devise américaine. Pourtant, acheter du dollar relève d’un véritable casse-tête chinois.
La rédaction
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